Revue de l'art brut, des créations singulières, de l'art populaire et des expressions marginales ou bizarres. Art outsider, hors-normes, singulier…

Sur l’abbé Paysant

Sur l'abbé Paysant
Sur l’abbé Paysant

C’est grâce à Laurent Danchin que nous reproduisons cet article qui n’avait pas échappé à la vigilance du Dr. Ferdière qui avait immédiatement identifié l’Abbé Paysant tout en accompagnant le texte de points d’exclamation !

Que faire d’autre, à défaut de dire ?

Il faut décidément s’en tenir plus que jamais à l’affirmation de Jean Dubuffet : il n’y a PAS d’ART PSYCHOPATHOLOGIQUE !

*

Profitons de l’occasion qui m’est donnée pour mettre en cette affaire de l’Abbé Paysant mon modeste grain de sel. Comme chacun ne le sait pas encore assez, c’est aux Monitoires du Cymbalum Pataphysicum (n°3) que l’on doit les renseignements les plus intéressants sur cette Église vivante et Parlante ; les autres textes, le plus souvent, lui empruntant tout ou partie de leur documentation.
Qu’il me soit donc permis de rectifier un détail à mon sens erroné qui se véhicule de texte en texte. Et pour ce faire relisons et analysons le texte Princeps » (Pataphysique III) qui cite lui-même le texte de Jules Davy : Parlers & traditions populaires de Normandie, N°22, 1973.

« Jules Davy (II) décrit aussi la sacristie où l’on vendait des cartes postales de l’église vivante et parlante, sacristie qui était aussi un atelier. Il nous renseigne sur les méthodes de travail du sculpteur Petit, qui était le Michel-Ange du curé Paysant : des bras, des jambes, des corps, des têtes, issues peut-être d’autres statues, étaient disposées en vrac pour servir au montage des statues de saints qui allaient orner l’église.
Jules Davy rapporte qu’avant d’avoir engagé Petit, l’abbé Paysant avait voulu faire travailler le peintre Rémy Delhomme qui venait d’orner l’église de Chênedouir d’une fresque « grandiose et magnifique» représentant le Paradis terrestre. Paysanr avait commandé à l’artiste un grand soleil destiné à luire sur le mur du chœur de Ménil-Gondouin, au-dessus du tabernacle. Le peintre commença d’exécuter la commande, mais le résultat n’étant pas suffisamment grandiose, il s’entendit demander. par le curé : «Quoi qu’tu veux qu’j’en fasse, de ton méchant p’tir trou-du-cul-d’soleil ? ». Jules Davy assure que Petit figura pour son commanditaire un soleil suffisamment grand. »

Il appert à l’évidence que le dénommé Rémy Delhomme n’a jamais été le peintre de l’Abbé Paysant ! Mais fallait-il croire pour cela que Le sculpteur Petit soit devenu peintre comme le laisse entendre la « légende » ajoutée en bas de la page 43 de « Pataphysique »III ? Par quel miracle en effet le nommé Petit (relativement corpulent, cheveux et moustaches blancs… ) a-t-il ainsi rajeuni ! (plutôt petit et mince, cheveux et moustaches noirs… ).

Mais en toutes choses, il faut aussi un-peu de chance : nous avons découvert par hasard (objectif cela va sans dire) une carte postale absolument identique à celle qui figure en cette page 43 de notre « Pataphysique » III… mais dont la légende est totalement différente ! Un coin du voile se levait : « L’Abbé Paysant et son peintre…
… H. COULOMBE !
C’est du reste lui que l’on peut également voir et identifier sur d’autres cartes postales (clichés A. Billonnet à Putanges).

Petites flaneries d’art ! !

Profitons également des circonstances pour régler son compte à une référence « incontournable » : celle à Guillaume Apollinaire  que voici :
Fata Morgana
1980.
VACANCES
Le peintre Fernand Léger va passer ses vacances à Argentan ; il enverra à ses amis des cartes postales représentant les fresques cubistes ou à peu près dont un prêtre artiste a décoré les parois d’une église du pays (8 juillet).

C’est plutôt Pierre Caizergue, auteur de cette édition qu’il faut féliciter :

L’abbé Victor-Edouard Paysant, voulant catéchiser sa petite paroisse de Mesnil-Gondouin par le secours de l’image, avait fait appel à deux artisans du pays, un peintre et un sculpteur, pour traduire ses débordantes inspirations sur la façade et à l’intérieur de son église. L’ensemble fait surtout songer au Douanier Rousseau et au Facteur Cheval, mais les nombreuses citations mêlées aux fresques naïves de « l’église vivante et parlante de Mesnil-Gondouin » rappellent – de très loin ! – les fragments de journaux et autres insertions typographiques de certaines œuvres cubistes.

Curieuses fantaisies décoratives d'un hypomaniaque (revue "l'Encéphale")

Curieuses fantaisies décoratives d'un hypomaniaque (revue l'Encéphale)

(Lire l’article Curieuses Fantaisies Décoratives d’un Hypomaniaque sur un monument public)

Gazogène n°07-08