Revue de l'art brut, des créations singulières, de l'art populaire et des expressions marginales ou bizarres. Art outsider, hors-normes, singulier…

Sefolosha

SEFOLOSHA : PEINTURE, FAUVE GAZELLE…

par Jean-François Maurice

Sefolosha

J’ai eu la chance de rencontrer le même jour une œuvre et son auteur, c’était à Bègles, aux Jardiniers de la Mémoire, en 1994.
La création de Christine Sefolosha semble s’enraciner dans la terre, la terre d’Afrique ?, avec les ocres de toutes nuances, les rouges argileux, les noirs de cendre et de charbon ; terres crues, terres cuites, torchis, pisés… Les mille nuances de poussières des sables et des boues, soleil et sécheresse, sueur et moiteur. Et dans la terre, la bête ou l’homme ? Une création grouillante : mufles ou visages, dentures ou mâchoires, laisse apparaitre des ombres, des ombres d’êtres plutôt, réduites à l’état de grimaces… Parfois, la silhouette d’un oiseau donne l’illusion d’un peu d’air libre vite calciné par la chaleur de four qui se dégage des supports empâtés.

Création primitive ? Certes, mais au sens préhistorique alors ! Celui d’une innocente violence, d’une scène primitive au delà du Bien et du Mal, aube incertaine et hypothétique de la création. Les formes perçues nous renvoient alors à quelque fantasmatique Lascaux… à moins qu’il ne s’agisse des traces d’une vie antérieure à quelque explosion nucléaire mystérieusement occultée ?
Car elle est de nature ambivalente l’émotion que l’on ressent face aux créations de Christine Sefolosha, de celle que l’on éprouve dans le « déjà vu », la « fausse reconnaissance »…
En ce sens, on n’entre pas dans l’œuvre de Sefolosha, on y « rerentre » comme si l’on y retrouvait un monde archaïque de l’enfance auquel se surajouterait l’enfance de l’art.

Mais de quelle réminiscence s’agit-il ?
De quelle vie antérieure ?
La terre épaisse garde tout son mystère.

Jean-François Maurice
Gazogène n°16