Revue de l'art brut, des créations singulières, de l'art populaire et des expressions marginales ou bizarres. Art outsider, hors-normes, singulier…

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Grégogna, créateur pluriel

Grégogna, créateur pluriel

par Jean-François Maurice

Grégogna
Grégogna

Notre première rencontre avec Grégogna à Pézenas fut l’occasion d’un pèlerinage sur les ruines de la digue de gros rochers qu’il avait entièrement peinte, sur plusieurs centaines de mètres.*
Hélas, l’administration, ayant décidé l’élargissement de la route sans véritable raison, celle-ci conduisant au dépôt d’ordures ! envoya ses bulldozers qui jetèrent la digue vers la mer une nouvelle fois sans raison puisque de l’autre côté se trouvait une large bande de terrain vierge bordée par la voie ferrée, espace qui comme de bien entendu ne fut pas touché !

Nos lettres et pétitions diverses ne reçurent aucune réponse… Grégogna ne baissa pas les bras et continua, au milieu de mille difficultés, son œuvre multiforme.

Papiers mâchés ou papiers déchirés, papiers collés ou décolorés, marionnettes ou poupées bourrées, tapisseries ou tissus enduits, peintures acryliques, huiles, gouaches et que sais-je encore, boites de conserves rouillées, vieilles ferrailles, zinc, étain, cuivre et laiton… Tout est bon à Grégogna, un des créateurs parmi les plus inventifs qu’il m’ait été donné de rencontrer.

Le résultat de son travail est à la mesure du personnage : une allure de Don Quichotte, une prestance de Condotière de la création, et face à son œuvre, une simplicité, une franchise, et une modestie exemplaire.

Faut-il ajouter qu’il a le cœur sur la main et le culte de l’amitié ? Toutes choses qui dans le monde de l’art officiel lui ont valu, on s’en douterait, quelques déboires et déconvenues !
Mais cela n’altère pas le climat de son œuvre : férocement critique parfois mais tempéré d’humour ; ironique et caustique mais teinté d’autodérision… caricatural mais ludique, Grégogna n’oublie jamais que les personnages dérisoires qu’il met en scène n’en restent pas moins proches de nous, humains, trop humains…

* Entre Frontignan et Sète.

Jean-François Maurice
Gazogène n°16


Scalpa, mon ami

PASCAL LABADIE, MON AMI

SCALPA

Sur le suicide de Pascal Labadie…

En Novembre dernier, Pascal Labadie, alias SCALPA, a décidé de descendre du train en marche. Ce choix est le sien. « Vous n’ y pouvez rien », avait-il écrit sur les murs de l’espace-galerie du studio BANAL à Toulouse, lieu du dernier havre où il avait jeté l’ancre avec la complicité de tous les amis.

Tout était prévu, y compris l’ultime mise en scène. Sans parler de son exposition dont nous refîmes les invitations rédigées de sa main. C’est Sarah qui a du affronter l’organisation de ce « vernissage » si tragique.

Toute existence a sa part d’ombre, son lot de mystère, sa face ignorée. Chacun emporte aussi du disparu son image. Pour moi, c’est un coup de sonnette, vers midi, qui le voyait arriver bouillonnant de projets ! Combien de dossiers, certains fort élaborés, n’ai-je pas eu entre les mains ! Car Pascal c’était cela : tout feu, tout flamme ; il ne se disait même plus parfois « créateur » mais « communicateur ». Ultime pirouette pour celui que la société de communication ulcérait.

Signes de Scalpa

Signes de Scalpa

Jean-François Maurice
Gazogène
n°14-15


From Gaston Mouly with love

From Gaston Mouly with love

Gaston Mouly...
Gaston Mouly…

LES PAGES 1 ET 3 DE COUVERTURE SONT CONSACRÉES À GASTON MOULY.
LE SITE DE LA CRÉATION FRANCHE, À BÈGLES, A RÉALISÉ CET ÉTÉ UNE EXPOSITION DANS LE CADRE DU FONDS DE CRÉATION ARTISTIQUE BRUTE ET INVENTIVE. GASTON MOULY EST UN CRÉATEUR QUI SEMBLE BIEN CONNU DES AMATEURS D’ART BRUT.

Sculpture de Gaston Mouly
Sculpture de Gaston Mouly, couverture

CEPENDANT GASTON MOULY N’EST PAS FACILE À APPRÉHENDER. D’AUTANT MOINS FACILE QUE SON PARCOURS SEMBLE ILLUSTRER PARFAITEMENT L’ITINÉRAIRE TYPE DU CRÉATEUR BRUT : LA MAÇONNERIE, LA RENCONTRE DE BISSIÈRE, DE ZADKINE… ENFIN LA RETRAITE ET LA CRÉATION !

IL Y A CHEZ GASTON MOULY UNE GRANDE GÉNÉROSITÉ ET UN MÉLANGE DE ROUBLARDISE ET DE NAÏVETÉ. CES INGRÉDIENTS SE RETROUVENT DANS SES CRÉATIONS QUI, DES « GALETTES » DE CIMENT ARMÉ AUX DESSINS, PRÉSENTENT UNE FORMIDABLE COHÉRENCE. IL Y A LÀ QUELQUE CHOSE QUI NE TROMPE PAS: CETTE AUTHENTICITÉ DONT HENRY POULAILLE AVAIT FAIT LE CRITÈRE DE JUGEMENT DE TOUTE CRÉATION. AUTHENTICITÉ – HORS D’ÂGE – COMME SES DESSINS, QUI NOUS RENVOIENT AUX VEILLÉES DES CHAUMIÈRES, AUX ILLUSTRATIONS DU PETIT PARISIEN, ET AUTRES CHROMOS D’UN AUTRE SIÈCLE !

Dessin de Gaston Mouly
Dessin de Gaston Mouly

POUR MOI, GASTON MOULY, C’EST AVANT TOUT L’AMITIÉ, ET L’AMITIÉ N’A PAS D’ÂGE !

MAIS C’EST UNE AMITIÉ DE LA TERRE, ET JE NE DIS PAS TERRE À TERRE : LES NOIX, LES CHÂTAIGNES, LA CHASSE ET LE VIN, BREF, CE QUI TIENT AU CORPS ! LE BON SENS, LE RÉALISME ET LA JOIE DE RÉALISER UN RÊVE QUE CHAQUE ENFANT A PORTÉ EN LUI AU MOINS UNE FOIS : CRÉER UN MONDE OÙ IL FASSE BON VIVRE ! ET Y A-T-IL PLUS GRANDE JOUISSANCE QUE DE RÉALISER UN DÉSIR D’ENFANCE ?

DANS UN PAYS DE RÊVE, LE RÊVE DEVIENT RÉALITÉ.

PUISSIONS NOUS LONGTEMPS RECEVOIR DES NOUVELLES DU PAYS DE GASTON MOULY !!!

Jean-François Maurice
Gazogène n°04


Pas de temps à perdre pour Eder

Attention, peinture fraîche !

Pas de temps à perdre pour Eder

LA DÉCOUVERTE D’UN NOUVEAU CRÉATEUR EST TOUJOURS UN MOMENT PRIVILÉGIÉ : ME VOICI INTRODUIT DANS UN GRENIER AMÉNAGÉ EN ATELIER, CELUI DE « EDER ».
LE MAÎTRE DES LIEUX N’EST PAS ENCORE ARRIVÉ. JE PEUX DONC M’IMPRÉGNER DE L’ATMOSPHÈRE QUI S’EN DÉGAGE. LES MURS CONSTELLÉS DE PEINTURE TÉMOIGNENT DE LA VIVACITÉ DES GESTES, DE L’ÉNERGIE DÉPLOYÉE, D’UNE SORTE D’ÉTAT DE TRANSE ; LES PIEDS DU CHEVALET SONT RECOUVERTS DE COUCHES ÉPAISSES DE COULEURS VARIÉES ET TOUT AUTOUR S’ENTASSENT. EN PAQUETS SERRÉS DES CENTAINES DE PLAQUES D’ISOREL DUR SERVANT DE SUPPORT.

L’ARRIVÉE DE « EDER », HOMME DIRECT, VIF, TOUJOURS EN MOUVEMENT, ET LA DÉCOUVERTE D’UNE PARTIE DE SON ABONDANTE CRÉATION ME CONFIRMERONT CETTE PREMIÈRE IMPRESSION. CERTES, UNE FOIS LE TABLEAU ACHEVÉ, C’EST EN TERME D’HARMONIE ET D’ÉQUILIBRE QUE EDER LE CONSIDÈRE ET LE JUGE. CEPENDANT, LE GESTE ET SA DYNAMIQUE, L’ENCHAINEMENT DU HASARD ET DE L’ IMAGINATION, SONT À LA BASE DES CRÉATIONS.

L'atelier de Eder
L’atelier de Eder

ON LE VOIT AVEC ÉVIDENCE DANS LES COLLAGES PEINTS QUI SONT SOUVENT GRIFFÉS ET GRIBOUILLÉS APRÈS-COUP COMME LE SONT ÉGALEMENT DES PEINTURES ACRYLIQUES REPRÉSENTANT DES NATURES MORTES OU DES NUS QUI SONT ENSUITE RECOUVERTS D’AFFICHES ET/OU DE PAPIERS D’EMBALLAGES PUIS LACÉRÉS PLUS OU MOINS VIOLEMMENT POUR LAISSER APPARAITRE DES FRAGMENTS DU SUPPORT ORIGINAL. CETTE VÉRITABLE FOUGUE GESTUELLE SE MAN1FESTE DANS DES GRATTAGES MAIS ÉGALEMENT PAR DES TACHES, DES COULURES, DES PROJECTIONS AUTOUR DESQUELLES S’ORGANISENT LES TABLEAUX ; À MOINS QU’AU CONTRAIRE CEUX-CI NE SOIENT TRANSFORMÉS PAR MACULAGE…

LA DIVERSITÉ DANS LA TECHNIQUE SE RETROUVE AUSSI DANS L’USAGE DES MATÉRIAUX.

AFFICHES PUBLICITAIRES, MORCEAUX DE TOILE, SABLES ET GRAVIERS COLLÉS, PAPIERS-PEINTS… MAIS ENCORE DANS LES MOTIFS ET LES THÈMES QUI VONT D’UN FIGURATIF TRÈS EXPRESSIONNISTE ET BRUT À UN TACHISME SAUVAGE !!!.

MAIS QUEL EST DONC L’AUTEUR DE CETTE SI JUVÉNILE PEINTURE ?

MONSIEUR HENRY KLENCK EST UN JEUNE HOMME DE 79 PRINTEMPS !

CERTES, DEPUIS SON ADOLESCENCE, IL S INTÉRESSE A LA PEINTURE ET POURTANT TOUTE SA CARRIÈRE SERA… MILITAIRE ! ET À QUELLE ÉPOQUE ! ELLE DÉBUTE EN 1936 ; EN 1938, EN TUNISIE… ET C’EST LA SECONDE GUERRE MONDIALE, PUIS L’INDOCHINE 1953, LE MAROC…

EN 1960, ÇA SUFFIT !! ET C’EST APRÈS CETTE DATE QUE, PETIT À PETIT, UNE AUTRE VIE COMMENCE, CELLE DE LA CRÉATION.

QUELQUES TABLEAUX TRÈS FIGURATIFS ; LE PORTRAIT DE SES ENFANTS, UNE PETITE GOUACHE SUR LE VIEUX PORT DE LA ROCHELLE ATTESTENT DU BON COUP DE PINCEAU DU EDER D’AVANT EDER. MAIS COMME IL ME LE DIT AVEC FOUGUE: « ASSEZ DE MIÈVRERIES ! TOUT ÇA N’A AUCUN INTÉRÊT! PAS LA PEINE DE PEINDRE SI C’EST POUR FAIRE COMME TOUT LE MONDE : IL VAUT MIEUX PRENDRE UNE BONNE PHOTO ! » CETTE HOMME QUI PENSE TOUJOURS QUE LE MÉTIER DE SOLDAT EST LE PLUS BEAU ET LE PLUS ABSOLU DU MONDE CAR C’EST CELUI OÙ L’ON PEUT EXIGER LA MORT DE L’AUTRE, MAIS QUI N’HÉSITE PAS À NOUS DIRE QUE LES GUERRES ONT ÉTÉ FAITES PAR DES INCAPABLES ET QUI ÉCRIT SUR UN TABLEAU « À BAS LA GUERRE », ON L’A COMPRIS, CET ANCIEN COLONEL EST UN HOMME HORS DU COMMUN !

VOYONS-LE DANS SON ATELIER : IL VA, IL VIENT ; JAMAIS EN PLACE. VIF, PRESQUE NERVEUX… IL ME DIT : « LA PEINTURE ? DES COULEURS, DES COULEURS ET DE LA DYNAMIQUE… CONCILIER LE MOUVEMENT ET L’ÉQUILIBRE… JE N’AIME PAS ATTENDRE, J’AI L’IMPRESSION QU’ON ME VOLE MA VIE… MES MEILLEURS TABLEAUX ? CEUX QUE J’AI FAITS APRÈS AVOIR ATTENDU, CHEZ LE DENTISTE OU À LA BANQUE, PEU IMPORTE… ALORS, DÈS QUE JE RENTRE CHEZ MOI, JE ME PRÉCIPITE, JE ME JETTE SUR MA TOILE IL ME FAUT RATTRAPER LE TEMPS PERDU C’EST LÀ QUE JE RÉALISE MES PLUS GRANDS FORMATS… »

BIEN SÛR, TOUT N’EST PAS ÉGAL DANS CETTE PRODUCTION QUI RESSEMBLE, PAR CERTAINS TRAITS ACCENTUÉS, À JABER, PAR D’AUTRES À BÉDARRIDE, MAIS AUSSI À LAVALL… CEPENDANT L’ENSEMBLE EST IMPRESSIONNANT ! ET QUELLE FOUGUE, QUELLE VITALITÉ, QUELLE ÉNERGIE ! LOIN DE TOUTES LES CONVENTIONS, LES A PRIORI, LES IDÉES REÇUES SCLÉROSANTES, EDER POURSUIT SON TRAVAIL SOLITAIRE. LOIN DES GALERIES, DES EXPOSITIONS, DES MODES, IL POURSUIT SON ŒUVRE QUI SE DÉVELOPPE SELON LE SEUL CRITÈRE QUI VAILLE : LA SINGULARITÉ LA PLUS ABSOLUE !

Jean-François Maurice
Gazogène
n°04


Viorel Dumitrache : un singulier de l’art en Roumanie

Le destin d’un « singulier » de l’art en Roumanie

Viorel Dumitrache

Viorel Dumitrache
Viorel Dumitrache

J’ai pu connaitre l’existence de Viorel Dumitrache par Marian Ene, et grâce aux renseignements fournis par un de ses seuls amis, Gabriel Bădică . Je possédais des photographies de ses œuvres mais nous avons pu les découvrir « en vrais », à Figeac, lors d’une Semaine Roumaine et nombreux furent ceux qui furent frappés par ces créations inclassables.

A priori, Viorel Dumitrache ne peut se rattacher aux « Bruts » authentiques : il a étudié les « Beaux-Arts » et a même été étudiant à l’Institut d’Arts Plastiques Nicolae Grigorescu de Bucarest…

Pourtant, en tous domaines, Viorel Dumitrache a été un « être à part » solitaire, renfermé, méditant et solliloquant volontiers… Bref, un « original » autant qu’on pouvait l’être en ce pays à cette époque !
Ses textes rendent compte d’un grand humour, d’une vision au vitriol de la société et de la politique, d’une ironie corrosive… Ses correspondances en font, toutes proportions gardées, une sorte de Chaissac de l’Est ! Ses œuvres anticonformistes sont toutes en complet décalage avec l’art officiel et, ajoutons-le tout de suite, déroutantes au premier regard pour l’amateur occidental… Tout pour plaire, quoi !

Viorel Dumitrache est né en 1953 à Schitu-Golesti.
Il meurt à 24 ans laissant à ses rares amis quelques centaines de dessins, des lettres étranges, débordant d’un sentimentalisme propre à décourager la censure et n’en ridiculisant que mieux l’ordre social…
Ces lettres étaient signées des pseudonymes Bucéphale ou Bucate, pseudonymes qui servent également pour certaines de ses œuvres… Mais écoutons ce qu’en dit son ami Gabriel Bădică  :
« Cette façon de signer était le symbole de l’artiste anticonformiste. Les arts plastiques roumains, si nous pouvons parler d’art à ce sujet ! plus que la littérature, la musique, le cinéma, s’ils ne faisaient pas pour survivre de compromis au conventionnel ou au décoratif, devenaient boursouflés ou sombraient dans l’art monumental, comme tous les arts propres au Réalisme Socialiste dit encore « Art Rouge » ! »

Il va se soi que dans ce contexte les dessins de Viorel Dumitrache sont « ailleurs » et retrouvent les mécanismes fondamentaux qui régissent la plupart des créateurs bruts authentiques. Compte tenu de la situation « schizophrénique » imposée par le système roumain, on comprendra aisément la relativité du critère culturel pour définir un art brut roumain ! Ces dessins sont exécutés au stylo à bille sur des papiers de récupération, des papiers plus qu’ordinaires, des papiers de rebut. L’exécution de tels dessins devait représenter des heures de travail surtout si l’on connait la qualité des stylos à bille roumains ! Ce travail de minutie, de patience, d’orfèvrerie, était bien l’expression d’un refus manifeste de l’art « officiel ».

Ses amis réussirent à monter une exposition en son honneur l’année de sa disparition, en 1977. Bien que (?) organisée dans une grande salle « officielle », ce fut un échec complet.

Il faut attendre1991 et une nouvelle exposition à Tulcéa pour que Viorel Dumitrache sorte de l’oubli. Plus que la presse officielle, prompte à encenser ce qu’elle hier avait ignoré, ce sont les témoignages du Livre d’Or qui rendent compte de l’impact de cette œuvre singulière.

Ajoutons·que l’exposition était également novatrice en Roumanie : on y présentait les textes et écrits de Viorel Dumitrache ainsi que sa correspondance, des photographies personnelles…, bref, toute une intimité permettant une sorte d’identification du public et du créateur, la découverte d’affinités entre. une personnalité et une œuvre…

Il faut dire que, tant par ses thèmes que par ses techniques, l’œuvre de Dumitrache était nécessairement marginalisée. Certaines de ses œuvres ont été interdites jusqu’en 1989.

Malgré son isolement, pour un regard occidental de nombreux dessins peuvent sembler typiques des années 60-70 : une sorte d’esthétique proche de la B.D., du monde hippy… D’autres manifestent une religiosité d’un autre âge ou recréent un monde médiéval plus ou moins fantaisiste…
Renforcé par la précision maniaque du trait, par une technique qui le rattache à la tradition « médiumnique » des créateurs bruts, un sentiment oppressant de solitude se dégage de toutes ses œuvres.

Sa mort n’en apparait que plus symbolique.
Au cours d’une randonnée en montagne avec des amis, il refusera obstinément de quitter un Refuge alors que la tempête se prépare. Il va y mourir, sous un linceul de neige et de froid, rejoignant la cohorte des « Suicidés de la société ».

Jean-François Maurice
Gazogène n°05


Augustin Pelufo

Art brut pas mort !

Augustin Pelufo

Augustin Pelufo
« Art brut, pas mort ! », Augustin Pelufo

L’article de presse ci-joint mérite un complément : rencontrer Pelufo c’est respirer à fond un grand bol d’air frais et crier d’autant plus fort : « Art brut, pas mort ! » Quelle vitalité, quelle joie de créer, quelle fantaisie ! Ah ! combien de petits maîtres de l’art dit singulier feraient pâle figure à côté de cet énergumène de 82 ans!
Ses matériaux de base : des cageots d’orange marque Spania et des  boîtes de thon (je suis désolé d’en avoir oublié la marque). Avec ça, il fait tout, monsieur Pelufo. Et d’ailleurs, il le dit « ICI FABRIQUE DE TOU », « CREATEUR – VOUS POUVEZ PHOTOGRAFIER TOU GRATIS »,  « ICI, AUX CENT MILLE TRUCS », « VIVE CARNAVAL »…
L’intérieur est un véritable capharnaüm où s’entassent les objets les plus hétéroclites autour d’une Arche de Noé…
Avec monsieur Pelufo c’est un bain de Jouvence, un retour aux sources…

Merci, et longue vie à vous, monsieur Pelufo.

Jean-François Maurice
Gazogène n°10