Revue de l'art brut, des créations singulières, de l'art populaire et des expressions marginales ou bizarres. Art outsider, hors-normes, singulier…

Chris Besser

Méfions nous de la douceur des toiles de Chris  Besser

par Jean-François Maurice

Peinture de Chris Besser

Peinture de Chris Besser

Est-ce le parfum exotique de ses premières expositions, l’harmonie des couleurs, la souplesse des formes ou le velouté des matières qui ont attiré mon regard, l’ont au sens propre charmé et m’ont fait insensiblement pénétrer dans le monde de Chris Besser ?

À l’instant où j’ai compris dans quel piège j’étais en train de glisser, il était déjà trop tard et la senteur vénéneuse de cette œuvre troublante avait sur moi commencé de produire son effet hypnotique. Car cette vision fantaisiste, enjouée et innocente révèle vite, à y mieux regarder, une multitude de drames, de déchirements et de sortilèges. Comme dans les contes de notre enfance la facture naïve renforce l’ambivalence des représentations créant ce climat si particulier d’inquiétante étrangeté.

Chaque tableau est composé d’une petite saynète plus ou moins symbolique organisée en un jeu de simulacres. Regardons par exemple cette « Charmeuse de Serpents » : découvrant sa tête de chat-huant, notre sympathie se tournerait plus volontiers vers les serpents bien peu redoutables… quoique là la réflexion leurs langues dessinent à la fois et un cœur et la flèche qui le transperce !

Les tableaux de Chris Besser rendent compte avec bonheur de mondes vibrant de vie : bêtes et êtres humains n’y sont jamais statiques mais tremblent et frémissent d’énergie contenue, ils sont saisis dans un moment de tension qui précède un acte improbable ou mystérieux, ils manifestent d’étranges désirs réfrénés, ils témoignent du fugace instant avant la transe et même la Danse de Saint-Guy…

Le fait que Chris Besser utilise maintenant comme support des boîtes accentue cet effet dynamique en créant la sensation d’un possible jaillissement des personnages.

Devant les œuvres de Chris Besser, nous sommes troublés comme des enfants face à l’illusionnisme du cirque : tout n’est que jeu de masque à l’instar du loup de velours noir ,si souvent présent ,dont nous sommes les victimes consentantes, amusées et troublées.

Jean-François Maurice
Gazogène
n°16